Il y a une étrange ironie dans la façon dont la culpabilité climatique est monétisée. Les grandes entreprises énergétiques des pays riches présentent la biomasse comme un pont propre — un chemin loin des combustibles fossiles. Mais selon des experts suivant la chaîne d'approvisionnement, la centrale électrique Drax au Royaume-Uni continue de brûler du bois provenant d'arbres âgés de 250 ans, récoltés dans les forêts canadiennes.
Ce n'est pas une allégation mineure. Ce sont des arbres qui ont poussé avant l'existence du capitalisme industriel. Avant l'électricité. Avant le kérosène. Avant l'ère qui a créé le changement climatique lui-même. Les transformer en granulés — puis en fumée — signifie convertir des siècles de carbone stocké en un héritage atmosphérique instantané.
La biomasse est censée signifier des résidus, des déchets, du matériel déjà tombé. Et pourtant, le marché a poussé vers le volume, pas le principe. Les entreprises énergétiques ont besoin d'une matière première constante. Les forêts sont une matière première constante. La logique est brutale et rationnelle. Le marketing est doux et apaisant.
Au final, le récit revient sur lui-même : une énergie renouvelable construite sur un temps irremplaçable. Drax nie tout acte répréhensible et insiste sur le fait que son approvisionnement est légal. Mais la légalité est un refuge fragile dans une époque où la conversation a évolué vers une arithmétique planétaire plutôt que vers la conformité.
La planète ne se soucie pas de savoir si la paperasse correspond. Elle se soucie seulement du fait que les forêts d'hier ne sont pas la fumée de demain.


